La vue de dos – un regard dévoilant ? Regarde, voyeur !
La vue de dos comme espace intime met le moi-voyant dans une posture voyeuriste. C’est cette envie de voir (plus), de découvrir (plus) en photographiant, qui est à l’origine de cette série. Cette persévérance du geste photographique me pousse à dominer mon modèle et à prendre possession de son corps.
Tout se mélange. Je vois cet autre. Je suis cet autre !
Le « je » photographiant, derrière l’objectif et invisible au regard du spectateur, se projette dans l’autre – le modèle – en le guidant et lui donnant une visibilité et existence photographique tangible. Le rideau s’ouvre et me met face à la réalité sartrienne : « Mon corps est là non seulement comme un point de vue que je suis, mais encore comme point de vue sur lequel sont pris actuellement des points de vues que je ne pourrais pas prendre ; il m’échappe de toute part. Cela signifie d’abord que cet ensemble de sens, qui ne peuvent se saisir eux-mêmes, se donnent comme saisit ailleurs et par d’autres. » (Jean-Paul Sartre L’Être et le Néant)
C’est en captant photographiquement ces vues de dos, ce jeu de lumière et de mouvement, que je commence à dévoiler cette invisibilité qui me fascine et à rendre visible ce qui est sensible et tangible en photographie. Ainsi, adviennent d’étranges mélanges :
photographier – vues de dos
moi – l’autre
cachée – vue
présence visuelle – présence corporelle
voiler – dévoiler
voyant !